Lounès Matoub (
Kabyle :
Lwennas Meɛṭub), plus communément appelé
Matoub Lounès, est un
Chanteur et
Poète Kabyle, notamment connu pour son engagement dans la revendication identitaire
berbère. Il est né à Taourirt Moussa, le
24 janvier 1956 et fut assassiné le
25 juin 1998 sur la route de
Ath Douala. Officiellement, cet assassinat est atribué au GIA mais sa famille et toute la kabylie accuse le pouvoir algérien de l'avoir assassiné. Sa mort lui donne un statut de martyr pour les nationalistes et militants kabyles qui estiment que les droits qui leur sont accordés sont insuffisants, il est encore considéré comme un porte-parole populiste et démagogue revivifiant le
mythe du bon Berbère pour les islamistes. De nombreux faux-mythes tournent et sont toujours d'actualité autour du culte de sa personnalité qui lui est voué.
Biographie
Dès l'adolescence, il compose des chansons. L'enseignement en Algérie ne lui plaît pas car, le curriculum scolaire le prive de son identité. Lounès, très éveillé, dès son jeune âge se posait la question: je parle berbère à la maison et à l'école j'apprends: mes ancêtres les Arabes. La génération précédente apprenait :mes ancêtres les Gaulois. Mais alors qui sommes-nous? se dit Lounès. C'est ainsi qu'il rejette toute autre "colonisation morale" et devient jeune autodidacte dans la vie. Son souci a toujours été de "restaurer" l'identité d'origine à savoir Amazigh (Berbère). En
1978, Matoub Lounès enregistre son premier album,
Ay izem, qui l'impose comme un grand espoir de la chanson algérienne d'expression berbère.
En 1983, le barde kabyle alors déjà connu dans son pays se produit pour la première fois à l'Olympia. Il enregistre alors "Aurifur", un album qui remporte un vif succès.
Depuis la sortie de son premier album A Yizem anda tellid ? (Ô lion où es-tu ?) Matoub Lounès célèbre les combattants de l'indépendance et fustige les dirigeants de l'Algérie à qui il reproche d'avoir usurpé le pouvoir et de brider la liberté d'expression. Chef de file du combat pour la reconnaissance de la langue berbère, il est grièvement blessé par un gendarme en octobre 1988. Il raconte sa longue convalescence dans l'album L'Ironie du sort (1989).
En 1998, il sort les albums "tavrats i lhukem" et "ilehqed zhir". Ces derniers sont typiquement "chaâbi", il y dénonce la lâcheté et la stupidité du pouvoir algérien. La fameuse chanson N°5 "tavrats i lhukem" est en fait sous forme de "kacide" (enchaînement de musiques différentes) et le dernier morceau est une parodie de l'hymne officiel algérien. Ce dernier lui couta la vie.
Matoub Lounès l'homme engagé
Les textes de Matoub Lounès sont clairement revendicatifs et se résument à la défense de la culture
amazighe qui occupe une place centrale. Il dénonce la dictature et l'islamisme en Algérie. Il s'oppose à la politique d'
Arabisation monoculture qui selon lui était insupportable à vivre. Il parle le
Tamazight et le français, et comprend l'arabe mais ne le parle que très peu. Matoub Lounès est un ardent partisan de la
Laïcité et de la
Démocratie, qui se fait le porte-parole des laissés-pour-compte et des femmes. Opposé à l'islamisme et au
Terrorisme islamiste, il condamne l'assassinat d'intellectuels, il fut enlevé le 25 septembre
1994 par le GIA (Groupe Islamique Armée), puis libéré au terme d'une forte mobilisation de l'opinion kabyle. La même année, il publie un ouvrage autobiographique
Le Rebelle et reçoit le
Prix de la mémoire des mains de
Danielle Mitterrand.
En 1996, il participe à la marche des rameaux en Italie pour l'abolition de la peine de mort alors qu'en en mars 1995, le S.C.I.J.(Canada) lui remet Le Prix de la Liberté d'expression.
Le 25 juin 1998, il est assassiné sur la route menant de Tizi Ouzou à Beni-Douala en Kabylie à quelques kilomètres de son village natal (Taourirt Moussa). Les conditions de ce meurtre n'ont jamais été élucidées. Les funérailles du chanteur drainèrent des centaines de milliers de personnes, tandis que toute la région connut plusieurs semaines d'émeutes. Son dernier album Lettre ouverte aux…, parut quelques semaines après l'assassinat, contient une parodie de l'hymne national algérien dans laquelle il dénonce le pouvoir en place.
Le 30 juin 1998, le GIA revendique son assassinat.
Une fondation portant le nom du chanteur a été créée par ses proches pour perpétuer sa mémoire, faire la lumière sur l'assassinat et promouvoir les valeurs d'humanisme défendues pendant la vie de Matoub Lounès .
Deux rues portant le nom de Matoub Lounès ont été inaugurées en France à sa mémoire:
- Dans la commune de Saint-Martin-d'Hères près de Grenoble.
- À Vaulx-en-Velin près de Lyon le 22 novembre 2003.
- Dans la commune de Pierrefitte (Seine Saint Denis)
Matoub Lounès est de tous les artistes kabyles, le plus connu en Kabylie comme dans le monde entier en raison de son engagement, comme de sa musique qui s'appuie sur l'usage d'instruments traditionnels comme le mandole et reprend les thèmes les plus envoutants du folklore kabyle.
En 2001 le Groupe corse Canta U Populu Corsu dans leur album Rinvivisce rend hommage à sa lutte et ses souffrances.
Discographie
L'oeuvre de Lounès Matoub se compose de 28 albums (ou 34 volumes).
# Ay izem (Ô lion) - Ifenanen
- Tegrawla nneɣ
- Aqlaɣ
- Ya lferh-iw
- Lehbab-iw
- Terriḍ
- Anfiyi
|
# A yemma aεzizen (Très chere mère) - Azul felawen
- Nehder mitmal ddunit
- Tiɣratin an ṛuḥ
- Inaɣd ayen akka
- Ddeεwessu (La malédiction)
|
# Yaw at n magret - Ṛuḥ ay aqcic (Va, jeune homme)
- Eqdaɣ lyass
- Ur diyi-sseḍlam (Le sort affligé)
- Ay akal hader
- Idewweṛ i wedrar (La montagne encerclée)
- Amirouche et Ferhat
- Yeb°ded lawan
- Acangal yezi
- Arqiq lhal-iw
|
1979 : Yekkes-as i znad ucekkel # Yekkes-as i znad ucekkal - Ay imesdurar (Les montagnards)
- Aken kan id ttaxreɣ
- A tidett wi kem-iεebban (Le fardeau de la vérité)
- Iwexxer wagu
- Ğeṛğeṛ yessawel i Luṛis (Le Djurdjura appelle les Aurès)
|
# Azul a mmi-s idurar (Au fils des montagnes) - Ger idurar n Luṛis (Les Aurès)
- Ufiɣt yeduri tejra
- Tegrurez
- Ay idurar n Ğeṛğeṛ (Montagnes du Djurdjura)
- Abehri
- A lḥif yuran (Malheur inscrit)
|
# Ay a ḥlili (La vérité dans les ronces) - Atidett rdju
- Gara nneɣ ur d yigri usirem
- Ay ahbib assa ad ṛuḥeɣ
- Ak°it ay arrac nneɣ (Réveillez-vous, compagnons)
|
# Waka m di-ssawlen - Xas ṛuḥ (Fin de règne)
- Ay aqcic (Au pays des Kabyles)
- Annaɣ i yi-iga ṛṛay-iw (La raison dévoyée)
- Tilelli (La liberté)
- Uh ay ihbiben-is
- Ttaṛ-im a m-t-id-rreɣ (Ta vengeance)
- A ttwaliɣ (Vision)
|
1980 : Récital à l'Olympia 80 (JSK) # Intro - JSK
- Imaziɣen (Hekun)
- D aɣrib (L'exil)
- Lgirra tefra
- Poème
- Tter
|
# Zhut ay arrac - Uh a yemma sber
- Ya lfehr-iw
- Poèmes tayeb
- Tiɣratin
- Assagi lliɣ (Je suis)
|
1981 : Slaεbitt ay abeḥri (vol.1: Slaεbitt ay abeḥri, vol.2: Yeḥzen Lwad Aεissi) Volume 1 - Sleεb-itt ay abeḥri (Le vent de la liberté)
- Defreɣ-k s wallen-iw
- An-nerreẓ wala an-neknu (Plutôt rompre que plier)
- Ay adrar n At Yiraten (La montagne des Aït Irathen)
Volume 2 - Yeḥzen Lwad Aεisi (Oued Aissi en deuil)
- Amuss yezga izedɣiten
- Lwexda iṣaren (Terrible malheur)
- Berzidan (Président)
|
# Muggre ɣ At Yiraten (Les Aït Irathen) - Iffis
- A askri
- A mmi aεzizen (Mon fils adoré)
- Yenayi aqli ad ṛuḥeɣ
- Anef-iyi ad ruɣ (L'aunée)
|
# Ru ay ul (Nos reniements) - Tiɣri idurar (L'appel des montagnes)
- Kumiṣar (Commissaire)
- Tirgin (Les braises)
- Assa tesεiḍ (Mon coeur sous une dalle)
- Letnayen iṛuḥ d tlata
- Ameḥbus-iw (Mon prisonnier)
- Mi neztel s lkif
|
# Ur ifur - Imcumen
- Allah wakbeṛ (Allah est grand)
- Afalku bezru leɣrib
- As lferh
- Abrid at n aεqel
- Tamsalt n Sliman (L’épreuve de Slimane)
- Yir tayri (L'amour infâme)
- A lexlaxel
|
# Lhaq (La raison) - A sidi Abderahmane (Saint Abderahmane)
- Monsieur le Président
- Asa djazayri
- Igujilen (Les orphelins)
- A tarwa n lḥif (Les enfants du malheur)
|
# Da Hamou - Asɣersif (Le peuplier)
- Yecbas i rebbi leqlam
- Ẓẓehr-iw (Ma chance)
- Tamsalt-iw (Mon épreuve)
- Aṭṭan n mmi (Le mal de mon fils)
- Lgirra n esscandriya
- Qelleb lmetl-im (Ton exemple)
|
# Im ɣereq - Ma suɣeɣ (La calamité)
- Lbabur
- Tadukla (L'amitié)
- Ugadeɣ a k-rwin (Peur qu'ils te ravagent)
- Zzriɣ accu
- Lebɣ-iw d array-iw
- Mrehba s lehbab
|
# Les deux compères - Yir argaz (Homme indigne)
- A mes frères
- Aɣrib (L'exilé)
- Amek akka (Infamie et châtiment)
- Utlif
- Uh ay ihbiben-iw
- Ul-iw gezm-it (Coeur-crible)
|
# Yir aqbayli - Ddunit-iw (Ma vie)
- A tamurt-iw (Ma patrie)
- Lezzayer (L'Algérie)
- Askri
- Imdanen
- Eras tili
|
# Tensa tafat - Udem n Lezzayer (Le visage de l'Algérie)
- Sseḥseb (Pourpense)
- Tadart-a
- Instrumental tensa tafat
- Tissirt n endama
- Dayen idub ṛṛuḥ (Les âmes fendues)
|
# Lmut (La mort) - Ihedaden bb°awal (Les cisailleurs de mots)
- Idrimen
- Ay arrac (La jeunesse)
- Tidett yeffren (La vérité enfouie)
- Igiṛṛu n lkif (Le chanvre)
- Uzu n tayri (Le couteau de l'amour)
|
# Sserhas ay adu - Aɣrib (L'éxilé)
- Abrid ireglen (La route entravée)
- Rwah rwah
- At-tili lḥağa (L'insaisissable)
- Arrac n tmanyin
- S kra b-b°i-ghelken yeḥla (Les souffrants sans rémission)
- Attas i-ssyenan
|
# Ayen iraden (L'ironie du sort) - Yir lehlak (Elle s'arrache: la liberté)
- Wissen (La désillusion)
- A win iṛuḥen (Amertumes et regrets)
- Lεemeṛ-iw (Ma vie)
- Imceblen (La déchirure)
- Ameni (L'espoir)
- Ssu-yas (La gifle)
- Tarewla (Le repentir)
|
1991 : Regard sur l'histoire d'un pays damné (vol.1: Regard sur l'histoire d'un pays damné, vol.2: Iẓri-w) Volume 1 - Regard sur l'histoire d'un pays damné (Chanson de 45 minutes)
Volume 2 - Iẓri-w (Mes yeux)
- Aḥlil Aḥlil (Misère pour misère)
- Tadukli (Fratrie)
- Uzu tassa
- Abeḥri n lḥif (La brise du malheur)
|
1993 : Communion avec la patrie (vol.1: Communion avec la patrie, vol.2: Lmeḥna) Volume 1 - Hymne à Boudiaf
- A yemma amek (Quel est ton sort, mère ?)
- Imesḥaf (Les monstres)
- Amğazi (Communion avec la patrie)
Volume 2 - A yemma yemma (La fleur saxifrage)
- Tuzzma n temɣer (L'effroi de l'âge)
- Si ddaw uẓekka tiɣri-w (De la tombe, mon appel !)
- Amessefray (Ma voix, dans le vide...)
- Taseεdit (Tassadit)
- Lmeḥna (La peine)
|
# Mm imezran (La gracieuse) - A ṭṭaffareɣ deg wussan (L'agneau oblatif)
- Ttuɣ (L'amoureux réprouvé)
- Kenza
- Ṛuḥ ṛuḥ
- Tamara (La contrainte)
- Tannumi (L'habitude)
- Tatut (L'oubli)
- Tiɣri u gujil
|
1996 : Tiɣri g-gemma (vol.1: Assirem, vol.2: Tiɣri g-gemma) Volume 1 - Asirem (L'espoir)
- Tameddit b-b°ass (La fin du jour)
- Abrid n tdukli (L'horizon prospère)
- Asmekti t-tuzzma (Remords et regrets)
- Yir aṭṭan (La fatalité)
- Lɣella n ṭṭrad (Le butin de guerre)
- La soeur musulmane
Volume 2 - Taεekkemt n tegrawla (Epreuves de révolution)
- Imettawen-iw (Mes larmes)
- Tiɣri g-gemma (La complainte de ma mère)
- Tuzzma (L'effroi)
- Lḥif n nnger (La déshérence)
- Lmutt b-b°egrawliw (Compagnon de la révolution)
- Tiɣri n tağğalt (La révolte de la veuve)
|
1997 : Au nom de tous les miens (vol.1: Semeḥtiyi, vol.2: Sel kan i dderz) Volume 1 - Semmeḥt-iyi a leḥbab-iw (Mes amis... désolé)
- Ay ixf-iw (Mon âme, que faire ?)
- Anda-tt teεzibt (La vertu dépravée)
- A baba ṛuh (Va, père)
- Ay aḥbib-iw (L'ami fidèle)
- Imcumen (Les scélérats)
Volume 2 - Sel kan i dderz (Le temps au galop)
- Ffeɣ ay ajṛad tamurt-iw (L'armée de sauterelles)
- At yetran (Les galonnés)
- Qqurent tregwa (Les rigoles de mes yeux)
- Ay izri yesrindimen (A chaudes larmes)
- Armi glalzeɣ i faqeɣ (Ebranlé)
|
1998 : Lettre ouverte aux… (vol.1: Tabratt i l'ḥekam, vol.2: I luḥqed zhir) Volume 1 - Ayen ayen (Ma vie d'abîme)
- A tamɣart (Sa perdition)
- Ifut lawan (L'ogresse de ma vie)
- Nezga (L'amour fou)
- Tabratt i l'ḥekam (Lettre ouverte aux...)
Volume 2 - Ur sḥissif ara (Le col du salut)
- Iluḥq-ed zzhir (A nos portes, la mort !)
- Ddu d webrid-ik a l'ḥif (Salubre misère)
- Yehwa-yam (Libre et femme)
- Beddeɣ di tizi (Le gâchis)
- Sers iman-ik (Narcisse noyé)
|
Bibliographie
- Lounès Matoub (en collaboration avec Véronique Taveau), Rebelle, Editions Stock, 1995, (ISBN 2234044405)
- Malika Matoub, Matoub Lounès, mon frère, Editions Albin Michel, 2000, (ISBN 2226108327)
- Nadia Matoub, Pour l'amour d'un rebelle, Editions Robert Laffont, 2000, (ISBN 222109185X)
- Lounès Matoub (présentation et traduction de Yalla Seddiki), Mon nom est combat, Editions La Découverte, 2003 (ISBN 2-7071-4093-7)
- Abderrahmane Lounès, Le barde flingué, Editions Publisud, 2006, (ISBN 2866009975)
- Abderrahmane Lounès, Le testament, Editions Publisud, 2006, (ISBN 2866009983)
Liens externes